Des notes ? Des devoirs ?
Dans toutes les écoles visitées à ce jour, pas de notes ! Pas de devoirs !
A l'école de l'API (privée, pédagogie institutionnelle), chaque enfant se situe dans chaque matière selon un principe de ceintures de couleur, comme pour le comportement. Cela permet à chacun de savoir où il en est, quelles acquisitions lui font défaut pour passer à la ceinture supérieure et où en sont les autres. C'est là que l'on touche à la frontière très fragile mais néanmoins observable et observée, de entre l'émulation et la compétition. La progression est liée à des compétences bien précises, liées à des fichiers d'exercices bien précis et elle en devient presque objective. Ainsi, un bilan scolaire permet aux parents de voir très précisément tout ce qui est acquis et tout ce qui ne l'est pas. Le soir, les enfants qui le souhaitent peuvent continuer à travailler après l'heure de classe : ils ne font pas des devoirs supplémentaires mais ils s'avancent dans leur plan de travail ou la préparation d'un atelier qu'ils vont animer, par exemple.
A l'école Michael (privée, pédagogie Steiner), on ressent tout de même la compétition. Il ne s'agit pas de se battre pour avoir la meilleure note, mais … pour faire le plus plaisir à la maîtresse. Ceci est mon ressenti personnel et il ne vous dispense pas, vous, lecteurs, d'aller faire un tour dans une classe Steiner, pour voir si les enfants travaillent par intérêt ou pour être mignons …
A l'école Curie (publique, pédagogie Freinet), il y a les enseignants anti-Freinet qui donnent notes et devoirs ; mais il y a aussi des enseignants Freinet qui donnent des devoirs pour « faire vivre un certain lien avec la famille ». Un travail est en cours pour définir clairement les compétences attendues par les enseignants pour chaque cycle.
A l'école Calas-Dupont (publique, cycles), on ne parle pas de ceintures de couleur mais de brevets. Le principe est finalement le même et l'affichage aux yeux de tous poursuit les mêmes fins d'émulation qu'à l'école de l'API.
A l'école Decroly (publique, pédagogie Decroly), les enfants demandent à être notés ! En effet, ils ont un entretien avec ou sans leurs parents, qui leurs permet de voir avec l'enseignante là où ils en sont dans leurs apprentissages, mais ils souhaiteraient y voir plus clair et leur demande s'est un jour exprimé au travers de cette requête ; « on pourrait avoir des notes ? ». Enfin, souvent, ils travaillent mus par une autre forme de motivation : l'intérêt réel pour un projet qui émane d'un véritable intérêt collectif.