Tour de France des expériences d\'éducation autrement

Tour de France des expériences d\'éducation autrement

Privé ou public ?

Je partais visiter les écoles en ayant des a priori sur le privé et le public, je vous les livre et avec, je vous fais part de mes observations :

 « Le privé, c'est que pour les enfants dont les parents ont les moyens financiers et/ou « intellectuels » de les inscrire. »

Les moyens financiers en ce qui concerne une école comme l'école Michael (privée associative, pédagogie Steiner) restent un frein. En témoigne certains parents : « choisir d'inscrire mon fils ici, c'était choisir entre son éducation et l'achat d'une maison »… De la même manière, la mixité sociale dans cette école où se côtoient enfants de parents « riches » ou « alternatifs » est très faible. Le cas d'une enfant inscrite là en désespoir de cause par rapport à sa non-adaptation au système classique et dont les parents ne sont à la base, ni très riches, ni très alternatifs, est l'affaire de cas assez exceptionnels.

Dans le cas de l'école de l'API (société privée, pédagogie institutionnelle),  le public n'est pas du tout le même mais il est tout aussi sélectionné. Il s'agit pour la grande majorité d'enfants dont les frais d'inscription sont payés par l'aide sociale. Là aussi la mixité sociale est très très faible et les enseignants de l'API ont leurs enfants dans le public …

Observons aussi le cas de l'école Decroly (publique départementale, pédagogie Decroly). Tout d'abord, c'était une école privée crée dans l'après-guerre et devenue publique étant donné les courants de pensée du moment qui après les horreurs de la guerre, préconisaient plutôt l'apprentissage de la coopération que de la compétition. Lorsqu'elle devient publique, c'est déjà un établissement maternelle-primaire-collège et elle est donc reconnue par le département, en charge habituellement uniquement des collèges. Reliée à aucune commune, les familles qui souhaitent y inscrire leurs enfants doivent donc faire la démarche « volontariste » de postuler et les enfants sont ensuite tirés au sort. On se retrouve ainsi dans le cas d'une école publique non-payante où les parents doivent avoir l'ouverture d'esprit de vouloir aller voir ce qui se passe dans une école decrolyenne, doivent pouvoir venir chercher leurs enfants à 16h30 car il n'y a pas de système de garderie communale, doivent payer la cantine 4euros car elle n'est pas prise en charge par la ville, doivent avoir les moyens de venir de loin … C'est ainsi que cette école publique reçoit un public, malgré tout, très sélectionné et connaît quelques avantages et désavantage du privé : « des parents très impliqués, mais très exigeants ».

« Le public, on croit qu'on pourra le faire changer de l'intérieur, et en fait, c'est pas possible »

Une grande constante entre mes lectures et les écoles visitées comme l'école Curie (publique, pédagogie Freinet) ou l'école Calas-Dupont (publique, cycles), c'est que pour qu'il y ait de l'innovation dans le public, il faut qu'il y ait CRISE ! A Curie, en banlieue parisienne, l'école était à « feu et à sang » lorsqu'une enseignante Freinet a décidé d'en prendre la direction et de prévenir ses collègues Freinet qu'ils pouvaient venir aussi dans cette école que personne ne cherchait vraiment à avoir lors des mutations. A Calas-Dupont, située à la limite entre une ZEP et le centre ville, les plus aisés fuyaient vers le centre et l'école devenait un moyen de fuir la ZEP, sans pour autant que l'école ait les moyens supplémentaires accordés aux écoles de ZEP. Dans les deux cas, l'école menaçait de fermer ou a été fermée un an. La crise actuelle de la société suffira-t-elle à faire dire que l'école doit innover ? De plus, pour qu'il y ait changement, l'impulsion doit venir d'un « supérieur hiérarchique » tel que peut l'être un inspecteur. Un enseignant de Calas-Dupont à qui je pose la question des conditions à l'innovation pédagogique et scolaire, me répond : « ce n'est pas un simple citoyen, ou un mouvement pédagogique, ou des parents qui arriveront à faire changer l'école ; il faut que ça vienne de l'Inspection ou à la limite, et c'est pas sûr, de toute une équipe d'enseignants qui serait motivée, et déjà comme ça, c'est pas facile. »… Cela ressemblait malheureusement plus à de la lucidité qu'à du défaitisme … Cependant, j'ai encore envie d'y croire parce que cette école, notamment, m'a montré qu'il y avait des possibles à faire vivre.






13/01/2010
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour